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Babouze
20 juin 2006

Lâche, nous ?

Les bonnes manières se perdent ma bonne dame. Fût un temps où un socialiste traité de lâche par un premier ministre aurait aussitôt envoyé ses témoins pour régler ça à l'épée et au Champ-de-Mars.

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Commentaires
A
Gaston Defferre s'est battu au moins deux fois en duel avec des adversaires politiques. La deuxième fois avec un certain Ribière, député gaulliste en 1967. Le compte-rendu que j'en ai retrouvé dans Le Point est assez marrant (extrait d'un livre d'Edmonde Charles-Roux) :<br /> <br /> "Enervé par les clameurs et les interventions répétées de René Ribière, député gaulliste du Val-d'Oise, Defferre l'avait apostrophé et traité d'« abruti ». L'insulté exigea que le mot soit retiré sur-le-champ, et avec des excuses. Elles lui furent refusées. Ribière annonça qu'il allait demander réparation par les armes. Le duel devenait inévitable. Il était fort dérangeant pour Ribière, qui devait se marier à quelques jours de là. De Gaulle laissait espérer sa présence à la cérémonie. Mais, ainsi que l'on pouvait s'y attendre, la nouvelle d'un éventuel duel suscita l'ire du général, pour qui bretailler sur le pré était du plus haut grotesque. Defferre reçut ses émissaires. Ils avaient mission de le faire revenir sur ses écarts de langage et, afin de lui éviter tout contact avec Ribière, se chargeaient de lui transmettre ses excuses. Refus de Defferre, qui pria ses interlocuteurs de remercier de Gaulle et de l'avertir qu'il chercherait à atteindre son adversaire à la braguette dans l'espoir de le rendre inapte au mariage. [...] <br /> <br /> Jean de Lipkowski, FFL de la première heure, accepta de diriger le combat. Rendez-vous fut pris dans les jardins d'une maison de Neuilly à l'insu de la presse. Il y eut bien un cameraman de RTL qui se faufila. Il fut expulsé. Defferre prit rapidement l'avantage sur son adversaire. Poussant une botte, il le toucha au bras. Premier sang, puis nouvelle botte. Il le toucha encore. Lipkowski mit un terme au combat de crainte que Defferre ne parvienne à mettre en pratique le plan dont il avait entretenu de Gaulle. » <br /> <br /> On dit qu'à l'Elysée, l'hilarité suscitée par de tels propos eut raison de la grogne du général qui prit le parti d'en sourire. Ce qui ne l'empêcha pas d'interdire à tous ses ministres de servir de témoins aux duellistes."<br /> <br /> Edmonde enjolive un peu les dires de son compagnon. Il semblerait que Gaston n'ait pas dit qu'il visait la "braguette" de son adversaire, mais qu'il viserait ses "coui..." ! Il semblerait également que les épées présentées pour le duel aient été émoussées et que Defferre, énervé, aurait exigé des épées acérées.
W
C'est une vieille technique bien éprouvée, jouer sur l'honneur lorsqu'on n'en n'a point mais qu'on est sur d'emporter physiquement la bataille ^^
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