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Babouze
11 novembre 2004

Alcatel est pris…

Lorsqu'une entreprise veut licencier plus de 9 salariés, il faut qu'elle fasse ce que l'on appelle un plan social. Elles n'aiment pas ça. Contrairement à ce que la plupart des gens pensent, en tout les cas pour les grosses entreprises, ce n'est pas un problème purement financier.
  • Elles n'aiment pas rendre trop des comptes, sinon aux actionnaires (ou aux actionnaires potentiels).
  • L a procédure est longue et peut même durer des années en cas de conflit. C'est donc difficilement planifiable.
  • Ça renforce la représentation salariale dont les syndicats (surtout les syndicats contestataires).
Aussi, depuis quelques années, pour éviter les plans sociaux, les entreprises, par l'entremise de directeurs des ressources humaines affûtés à la gestion de crise, préfèrent proposer aux salariés des départs dit volontaires.
C'est tout simple. On se rapproche d'un salarié de préférence d'un age qui s'approche des 50 ans et on lui dit quelque chose comme : "ça y est  tu est installé. Tu as une femme (un mari) et des enfants, tu as (presque) finit de payer ta maison. " Ça ne te dirait pas de vivre une nouvelle expérience ?". Et de te proposer un chèque, plus ou moins substantiel (avant 50 ans c'est plus intéressant pour la société, après c'est plus cher).
Le deal, comme on dit, est simple. On te licencie pour faute et on fait une transaction : c'est une lettre qui dit que tu n'est pas d'accord avec la faute que l'on t'impute, alors l'entreprise t'attaque violemment en façade pour contester ta contestation, mais te refile un chèque pour éviter le tribunal. A ce niveau là, il faut que je précise qu'en France il est impossible de rompre un contrat de travail à l'amiable – c'est comme les divorces d'autrefois, il faut trouver une faute.
Il arrive que certains employés s'en tirent. Mais même deux ans de salaire n'ont que l'apparence d'une bonne affaire. Sauf à retrouver du travail rapidement.
C'est la méthode qu'avait utilisé Alcatel à Conflans, mais je connais d'autres boites qui le font. La grande nouvelle, c'est que le tribunal de Versailles oblige à réintégré 170 salarié licenciés il y a deux ans : ça signifie pour eux un retour dans l'entreprise (pas évidant) mais aussi deux ans de rattrapage de salaires. Plus instructif encore, ce n'est pas un cas isolé. A Soisson; les juges ont réintégrés des salariés de Michelin (Wolber) pour cause de plan social insuffisant (tu vois Jospin, on peut encore faire quelque chose contre les abus de multinationales). Ça va être encore moins simple pour eux  puisque l'usine a été démolie.
Ma crainte ? Que notre gouvernement, qui trouve évidemment ceci totalement inacceptable, ne nous concocte un code du travail plus "moderne" – c'est-à-dire simplifiant la vie des entreprises, et donc nos licenciements.
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