24 novembre 2004
Elle va mourir, la Mama
Ma mère a eût un cancer. Quand je suis allé voir son médecin dans les
débuts, je l'ai poussé à me dire combien de temps il lui restait à
vivre. On est parti sur deux ans avec des phrases du genre "on en a
connu qui
". En poussant dans ses retranchements, il est descendu
jusqu'à trois semaines. J'ai arrêté là.
Ce jour là, j'ai décidé que demain est un autre jour et je suis allé lui rendre visite chaque jour avec ce bonheur de me dire encore un de gagné.
Elle a vécu plus de 2 ans.
Les souffrance physiques et surtout morales qu'elle a subi sont allées en s'accentuant. Bien qu'elle ait continué à faire comme si, à faire des projets, dans les derniers temps j'ai sentis sa volonté de vivre s'atténuer.
Un jour ou elle était à l'hôpital, elle nous a appelés, nous, ces enfants et nous a demandé d'arrêter ça, les yeux dans les yeux. Elle était calme et tranquille, sûre d'elle.
Pendant ce temps là, les cousins, même ceux que l'on n'avait pas vus depuis longtemps, presque tout ceux qu'elle comptait comme proches étaient arrivés. La chambre d'à coté de la sienne étant libre (sans doute une gentille intention des personnels hospitalier) chacun allait d'une salle à l'autre afin de ne pas être trop nombreux à la fois dans sa chambre.
Avec ma sur cadette nous sommes allé voir le médecin de service et lui avons exposé la volonté de maman. Le pauvre gars avait l'air terrorisé. Il est allé voir Maman qui lui a confirmé.
Je ne souviens pas de tout, même pas de qui était là, tellement j'ai refoulé cette journée, mais je me souviens très bien de son regard et de la panique qu'on pouvait y voir. A force d'insister, il a bredouillé qu'il allait faire quelque chose, que vue les doses de morphine qu'on lui donnait . Il lui a donc fait une quelque chose, probablement une piqûre.
On a tous défilé chacun son tour dans sa chambre pour lui dire adieu. Elle m'a dit de bien prendre soin de mes enfants, de mes surs et de moi. On s'est embrassé et on s'est dit je t'aimes et elle m'a donné son alliance. Sa sérénité m'a impressionné.
Ensuite, Toute sa clique c'est installée dans sa chambre autour d'elle, comme elle aimait. Et elle s'est endormie, presque souriante. Paisible.
Puis, petit à petit sa respiration est devenue lourde, puis a commencée à ressembler au bruit que fait la cafetière quand passe le café. Dans le silence, ce bruit est devenu angoissant, puis obsédant. Et le cauchemar a commencé.
Personne n'osait regarder l'autre. Ce bruit, ce bruit, ce bruit. Puis le bruit c'est arrêté un instant. Il a repris. C'est arrêté de nouveau. Un peut plus longtemps il me semble. Au bout d'un moment, ce sont les silences qui sont devenus insupportables. Ils s'allongeaient de plus en plus, devenaient interminables Plusieurs fois nous avons cru et espéré que c'était le bon, que ce coup là c'était terminé. Mais la cafetière recommençait à gouglouter. Ses apnées duraient plus de deux minutes quand j'ai commencé à compter le temps dans ma tête. Il fallait que j'occupe cette putain de tête car la colère montait en moi Est-ce qu'elle méritait ça ? Est-ce que nous méritions ça ?
Enfin, la respiration n'a pas repris. Nous avons attendu encore un peut. Tout le monde à fondu en larme, on s'est embrasé, câliné réconforté, et je suis descendu téléphoner à ma tante qui gardait mes filles pour lui dire que c'était fini. Qu'on allait rentrer. Puis je suis remonté.
Là, c'était l'effervescence. Je n'ai pas compris tout de suite ce qui se passait. Quelqu'un, ma sur je crois, m'a pris dans un coin et m'a dit qu'elle n'était pas morte, que la respiration avait reprise .
Le médecin, alerté, ne nous croyait pas. Il a tenté de nous rassurer. Nous a dit qu'avec les doses de morphines qu'elle avait prise elle ne pouvait rien sentir. Qu'il fallait attendre. Pour nous il fallait reprendre ce supplice. On l'a fait. Jusqu'à ce qu'un autre médecin de nos connaissances qui trouvait la situation insupportable nous fasse sortir. Je ne sais pas ce qu'il a fait, mais quand nous sommes rentrés dans sa chambre, elle semblait apaisée. La cafetière c'était tue. Peut de temps après elle s'est éteinte, doucement. Et on a pleuré
Pourquoi je vous raconte ça ?
Parce que je voudrais que personne d'autre ne vive jamais ces moments là (une après-midi entière tout de même). Outre que j'aurais préféré garder un meilleur souvenir de la fin de vie de ma mère, même si elle n'a pas souffert, cette mort est indigne.
Je n'accuse pas le médecin de l'hôpital, j'accuse la société entière de permettre ça.
Des infos sur ADMD
Ce jour là, j'ai décidé que demain est un autre jour et je suis allé lui rendre visite chaque jour avec ce bonheur de me dire encore un de gagné.
Elle a vécu plus de 2 ans.
Les souffrance physiques et surtout morales qu'elle a subi sont allées en s'accentuant. Bien qu'elle ait continué à faire comme si, à faire des projets, dans les derniers temps j'ai sentis sa volonté de vivre s'atténuer.
Un jour ou elle était à l'hôpital, elle nous a appelés, nous, ces enfants et nous a demandé d'arrêter ça, les yeux dans les yeux. Elle était calme et tranquille, sûre d'elle.
Pendant ce temps là, les cousins, même ceux que l'on n'avait pas vus depuis longtemps, presque tout ceux qu'elle comptait comme proches étaient arrivés. La chambre d'à coté de la sienne étant libre (sans doute une gentille intention des personnels hospitalier) chacun allait d'une salle à l'autre afin de ne pas être trop nombreux à la fois dans sa chambre.
Avec ma sur cadette nous sommes allé voir le médecin de service et lui avons exposé la volonté de maman. Le pauvre gars avait l'air terrorisé. Il est allé voir Maman qui lui a confirmé.
Je ne souviens pas de tout, même pas de qui était là, tellement j'ai refoulé cette journée, mais je me souviens très bien de son regard et de la panique qu'on pouvait y voir. A force d'insister, il a bredouillé qu'il allait faire quelque chose, que vue les doses de morphine qu'on lui donnait . Il lui a donc fait une quelque chose, probablement une piqûre.
On a tous défilé chacun son tour dans sa chambre pour lui dire adieu. Elle m'a dit de bien prendre soin de mes enfants, de mes surs et de moi. On s'est embrassé et on s'est dit je t'aimes et elle m'a donné son alliance. Sa sérénité m'a impressionné.
Ensuite, Toute sa clique c'est installée dans sa chambre autour d'elle, comme elle aimait. Et elle s'est endormie, presque souriante. Paisible.
Puis, petit à petit sa respiration est devenue lourde, puis a commencée à ressembler au bruit que fait la cafetière quand passe le café. Dans le silence, ce bruit est devenu angoissant, puis obsédant. Et le cauchemar a commencé.
Personne n'osait regarder l'autre. Ce bruit, ce bruit, ce bruit. Puis le bruit c'est arrêté un instant. Il a repris. C'est arrêté de nouveau. Un peut plus longtemps il me semble. Au bout d'un moment, ce sont les silences qui sont devenus insupportables. Ils s'allongeaient de plus en plus, devenaient interminables Plusieurs fois nous avons cru et espéré que c'était le bon, que ce coup là c'était terminé. Mais la cafetière recommençait à gouglouter. Ses apnées duraient plus de deux minutes quand j'ai commencé à compter le temps dans ma tête. Il fallait que j'occupe cette putain de tête car la colère montait en moi Est-ce qu'elle méritait ça ? Est-ce que nous méritions ça ?
Enfin, la respiration n'a pas repris. Nous avons attendu encore un peut. Tout le monde à fondu en larme, on s'est embrasé, câliné réconforté, et je suis descendu téléphoner à ma tante qui gardait mes filles pour lui dire que c'était fini. Qu'on allait rentrer. Puis je suis remonté.
Là, c'était l'effervescence. Je n'ai pas compris tout de suite ce qui se passait. Quelqu'un, ma sur je crois, m'a pris dans un coin et m'a dit qu'elle n'était pas morte, que la respiration avait reprise .
Le médecin, alerté, ne nous croyait pas. Il a tenté de nous rassurer. Nous a dit qu'avec les doses de morphines qu'elle avait prise elle ne pouvait rien sentir. Qu'il fallait attendre. Pour nous il fallait reprendre ce supplice. On l'a fait. Jusqu'à ce qu'un autre médecin de nos connaissances qui trouvait la situation insupportable nous fasse sortir. Je ne sais pas ce qu'il a fait, mais quand nous sommes rentrés dans sa chambre, elle semblait apaisée. La cafetière c'était tue. Peut de temps après elle s'est éteinte, doucement. Et on a pleuré
Pourquoi je vous raconte ça ?
Parce que je voudrais que personne d'autre ne vive jamais ces moments là (une après-midi entière tout de même). Outre que j'aurais préféré garder un meilleur souvenir de la fin de vie de ma mère, même si elle n'a pas souffert, cette mort est indigne.
Je n'accuse pas le médecin de l'hôpital, j'accuse la société entière de permettre ça.
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